18 déc. 2009



©Ryoko YAMAGISHI/MEDIAFACTORY
Image extraite du manga "Terpsichore"
Avec l'aimable autorisation de Mme Ryoko YAMAGISHI



Hier midi, je suis allée à l'imprimerie  sous la neige pour reproduction du carton et du poster. Ce fut difficile de marcher sous les flocons, mais la neige était encore très discrète. D'abord, je n'ai pas trouvé le carton très beau. C'était l'image qui n'allait pas. Donc cette nuit, je me suis mise à la recherche de la reproduction d'une belle image. Finalement, je pense que je l'ai trouvée. Je vous la montre en primeur.

17 déc. 2009

« L’onomatopée » par Monsieur Hisashi INOUÉ

Les mots, classés par le Prof. Takao YAMADA(1873-1958), linguiste japonais, dans la 2e catégorie de l’adverbe « exprimant minutieusement la manière », sont abondants dans le Manga Golgo 13 de Takao SAÏTO. Quels sont-ils ? mais tout simplement des onomatopées, onomatopées dont Takao SAÏTO est un virtuose.

Golgo 13, personnage insaisissable et omniprésent, en costume trois pièces, est le pseudonyme de Kensakou AZOUMA, un tueur professionnel vivant dans un monde d’onomatopées où des avions à réaction s’envolent Gouwooo ! , où des bolides roulent à toute allure Bouiii !  en faisant crisser leurs pneus Kikiki !  à chaque virage, où la porte s’ouvre en faisant ‘‘tcha’’, et où le Hikari (TGV japonais) passe en sifflant Piii ! . Dans ce monde, il exerce son métier, toujours prêt à extirper son pistolet avec la rapidité de l’éclair  ta ! et à déclencher le tir dokyuuun !  ou zkyuuun ! ( bruit de détonation). La balle perce la vitre du bâtiment bishiii !  et s’enfonce dans le front de la victime ba !. Celle-ci, ouvrant grand les yeux ka !, s’effondre par terre dooo !. Golgo 13, après avoir constaté la mort de son adversaire, prend une cigarette et l’allume avec un briquet Dupond shuba (bruit spécifique d’un briquet Dupond). Il expire profondément la fumée fouuu. Mais la fausse sécurité est le pire des ennemis. Un autre adversaire s’approche de lui par derrière ta ta ta ! (bruit de pas accélérés) et tente de lui donner des coups du tranchant de la main en visant la tête shu shu shu !. Golgo 13 parvient à les éviter à la dernière seconde hyo !  (promptement) mais son adversaire continue à l’attaquer violemment, le poing dur comme de l’acier zawa ! byu ! za !. Golgo 13, progressivement coincé, risque alors le tout pour le tout en donnant un violent coup de poing tranchant shé ! à la pommette de son adversaire gouwashiii !  (détruit). L’homme, renversé, crache du sang biii !  et s’effondre.


Il faut dire qu’à l’époque où ce manga faisait son apparition, il était à la mode de frotter de manière kasha kasha la pierre des briquets jetables à ¥100 (70 cents) et de prononcer shuba ! en imitant l’allumage des briquets de luxe coûtant quelques dizaines de milliers de Yen (quelques milliers d’euros). Ignorant les autres onomatopées, je pense que la raison pour laquelle les adultes bientôt quadragénaires s’enthousiasmaient pour ce jeu enfantin, c’est que l’on trouvait, dans le timbre de shuba, le son représentatif des briquets de luxe, briquets ciselés et plaqués or, qui, importés directement de Paris, brillaient de mille reflets dorés et dominaient magistralement le rayon d’orfèvrerie du célèbre magasin Wako à Ginza. L’onomatopée est la traduction vocale du son. Quand il existe un lien direct entre les deux, celle-ci enrichit notre vocabulaire. Mais elle n’est pas très appréciée de nos littéraires, dont Yukio MISHIMA qui la fustige :

« Une des particularités de l’onomatopée, c’est qu’elle ne possède aucun sens abstrait. C’est une forme dégradée des mots qui ne transmettent à l’oreille que le son tel que l’on entend sans aucune fonction propre au langage, c’est à dire l’abstraction. Quand elle se trouve parmi des mots abstraits, elle fragilise le monde métaphysique et son abus finit par menacer l’univers indépendant de la littérature. » (l’Ecriture, §7)

L’adverbe est le mot qui décrit davantage en détail ce qui est déja exprimé par le verbe et/ou par l’adjectif. Quand on élabore une phrase monotone et longue, on cherche un mot qui puisse la relever en lui donnant une profondeur spatiale et temporelle. Le choix de l’adverbe dépend de la façon dont on enrichit la phrase. Celui qui décrit la manière correspond au concret, celui qui donne le degré correspond à l’abstrait. Si vous voulez subjuguer vos auditeurs et vos lecteurs par une description détaillée, vivante et concrète pour les submerger ensuite dans votre univers, je pense que vous pouvez utiliser autant d’onomatopées que vous le voulez. Elles donneront des informations concrètes d’autant plus qu’elles n’ont pas de signification abstraite et qu’elles sont efficaces puisque concrètes.

Juste avant l’extrait ci-dessus, Yukio MISHIMA a aussi écrit «L’onomatopée rend la description typée et vulgaire. C’est ainsi qu’Ôgai MORI, qui n’a guère apprécié cet effet, y a eu recours le moins possible. Par conséquent, son style reste soutenu.» J’admets qu’il y a de la classe chez Ôgai. Certes, mais si cette affirmation s’appuie sur l’emploi rarissime de l’onomatopée, il est inévitable qu’elle soit fausse. Prenons le cas de Kenji MIYAMOTO qui, contrairement à Ôgai, est un grand maître de l’onomatopée. Par exemple, son conte Le Gland et Le Chat sauvage : il le décore avec cinquante-cinq onomatopées et, grâce à leur fonctionnement, les montagnes, les herbes, la lumière et le vent sont perçus comme des êtres vivants. Ce qu’il ne faut surtout pas oublier, c’est que le niveau d’abstraction de cette oeuvre est très élevé. En plus, si vous cherchez le style, il est partout à tel point qu’on peut dire ‘‘Servez-vous librement.’’

Mais la question que je voudrais aborder ici n’est pas le problème que certains littéraires boudent. Il s’agit de la relation entre la sensibilité sonore des Japonais et l’onomatopée. Avançons. Lorsque j’entends les Japonais chanter en extase, de façon criarde, le micro à la main dans les cafés équipés de karaoké, je ne peux m’empêcher de douter de ma théorie. Je pense toutefois que nos ancêtres possédaient une excellente oreille. Les preuves sont nombreuses, parmi elles des Rakougos (des sketchs humoristiques) qui manipulent à merveille l’onomatopée : «... il glisse une de ses mains vers mon intimité... Quand il m’a touché un poil, j’ai réagi ‘‘biliin’’ (j’ai sursauté) , deux poils, ‘‘zokoun’’ (j’ai eu la chair de poule). Trois poils ensemble, ça m’a rendue presque ‘‘bala-bala’’ (j’ai été pantelante), quatre ‘‘glaa’’ (je me suis effondrée) et cinq ‘‘gata’’ (je m’y suis abandonnée). En résumé, c’était ‘‘biliin’’, ‘‘zokoun’’, ‘‘bala-bala’’, ‘‘glaa’’ et ‘‘gata’’
Un autre exemple dont l’époque remonte à la période d’Edo (18e siècle) : « Tous les deux fumaient en se mettant près d’une torche pour se réchauffer. L’auberge n’était pas encore ouverte. Une bonne femme a ouvert la porte et est sortie. Sans se rendre compte de de leur présence, elle a fait pipi, ‘‘shali shali shali shali, zala zala zala zala, shaa shaa shaa shaa, djiyuu djiyuu djiyuu djiyuu, shiishi shiishi, tokkli tokkli, potton, tchobiin’’. » Je suis désolé que ces exemples soient peu élégants, mais cela me permet de constater qu’il y a toujours eu de grands artistes du son.

Quant au théâtre de Kabuki, c’est un véritable trésor d’onomatopées. L’effet sonore des rivières, des vagues de la mer, du vent et de la pluie etc, est reproduit avec un grand tambour et des baguettes de tailles diverses. Parmi ces effets, ceux de la neige et de l’écho sont exceptionnellement magnifiques. Ce qui est curieux, c’est qu’avec le battement sourd don don don du grand tambour, on arrive à avoir l’impression d’entendre la neige silencieuse qui tombe. Celui de l’écho, créé par une guitare à trois cordes et un petit tambour, représente le calme absolu dans le fond de la forêt montagneuse. C’est ainsi que je parviens à la conclusion que l’onomatopée fonctionne comme un langage abstrait et que la thèse qu’elle ne contient aucun sens abstrait n’a pas de justification. Quand je pense aux cris rythmés reproduits pour une scène de meurtre et aux effets sonores de la tempête pour une scène de combat au sabre, je suis persuadé que notre théâtre de Kabuki rivalise bien avec l’oeuvre de Wagner.

D’excellentes onomatopées se trouvent aussi dans le Waka (poème de 31 syllabes) et le Haïku (celui de 17 syllabes). Il y a même un poème (waka), celui de Sanétomo (1192-1219), qui constitue en soi une onomatopée :

La mer agitée, de grosses vagues qui se brisent sur les côtes rocheuses,


Bruiyantes, déferlantes et déchirantes, se terminent éparpillées puis Disparues.

M. Kotoji SATTA a critiqué ce waka comme suit : « Même Sanétomo, grand poète sensible au son, ne parvenait pas à la recherche de subtilité dans la combinaison de mêmes voyelles. Il a seulement réussi à produire l’effet sonore avec la superposition et la répétion de mêmes consonnes » (à la page 79 deVoix dure et voix douce). Eh bien, en tant que grand maître de l’acoustique, je pense que son point de vue est superficiel. Voici ce poème(waka) en phonétique :



Ô umino issomo todoroni yosuru nami,


warété kudakété sakété tchirukamo



Le son que l’on entend d’abord, c’est le[o]. Il y en a huit dans les premières 17 syllabes. Cette masse de[o]nous invite à la mer (Ôumi : ô = grand, umi = la mer). Puis arrive une chaîne sonore[a/été]qui se répète trois fois dans les dernières quatorze syllabes, celle-ci nous évoque le mouvement violent des vagues côtières puisque le[é]est, avec le[i], le son le plus aigu des voyelles. Enfin le dernier[o]de[tchirukamo], il donne une image des vagues qui retournent au large (le monde où la voyelle[o]domine). Une telle composition des sons peut me tromper et être jugée comme une onomatopée en-soi.

Remontant encore plus loin dans le temps, je m’imagine à l’époque primitive où l’on s’amusait à créer des mots. Méku est un suffixe qui, d’après le dictionnaire Iwanami de l’ancien japonais, souvent lié à l’onomatopée, donne une signification à tel ou tel bruit ou à telle ou telle manière. Je pense qu’ il est bien possible qu’on ait inventé le mot uméku en regardant la personne qui souffre de douleur en gémissant Uuuu, le mot zawa-méku (l’atmosphère agitée) en assistant à une scène dont l’ambiance était zawa zawa (brouhaha), le mot kila-méku (briller) en trouvant quelque chose qui brille kila-kila, le mot ilo-méku (ilo=couleur) en observant une personne qui en a changé, le mot ‘‘doyo-méku’’ (acclamer) en entendant des cris ‘‘doh ! et ainsi de suite. Kunio Yanagida (ethnologue) a écrit que l’on avait, dans chaque village, des maîtres qui savaient facilement créer des onomatopées, onomatopées dont les meilleures étaient promues au rang de langue commune de la région (Théorie des mots nouveaux). Si mon raisonnement est bon, on avait aussi des Takao SAÏTO dans l’antiquité.

L’onomatopée est donc l’un des adverbes les plus représentifs décrivant la manière à partir de l’aube de la création des mots. Une réflexion sur l’origine de ces mots serait intéressante, elle permettrait de confirmer l’existence d’autres Takao SAÏTO à travers notre histoire. Je pense que s’il y avait eu un tel cours de grammaire japonaise, j’aurais été meilleur que je ne le suis comme magicien des mots, n’est-pas ?



Extrait de “La grammaire personnelle de la langue japonaise” de Hisashi INÔUÉ

éd. Shincho-bunko 1984

Traduit par Mayumi HANAOKA

16 déc. 2009

在ベルギー日本国大使館広報文化センター

Cultural and Information Center of the Embassy of Japan in Belgium


Avenue des Arts/Kunstlaan 58,

1000 Bruxelles / Brussel

Métro Trône / Troon

T 32-(0)2-511-2307

F32-(0)2-514-5333
 
漫画と擬声語 - 漫画に仏訳付

Sound and Feeling in Manga - Japanese Manga & Translation into French
Klanken en gevoelens in Manga - Japanse manga & vertaling in het Frans
Son et émotion dans le manga- Le manga japonais & sa traduction en français

Opening

22 Jan. 2010 from 6.30 p.m. to 8.30 p.m.

Exhibition

from 25 Jan. to 10 Feb. 2010

  Mon. to Fri. from 9.30 a.m. to 5.30 p.m.

 Wed. only till 6.30 p.m.

Admission free

http://www.be.emb-japan.go.jp

http://expomangatoson.blogspot.com

 
企画・制作 by Mayumi HANAOKA

Plus de détails sur l'expo - More about the exhibition

Exposition à venir

 « Son et émotion dans le manga – Le manga japonais & sa traduction en français»

Le visiteur comprendra la richesse de l’onomatopée dans la langue japonaise en parcourant une quarantaine de panneaux. Une exposition qui s’appuie sur un manga fameux concernant la danse classique.
Sur base du manga de Ryoko YAMAGISHI .


Vernissage : le 22 janvier 2010

Période : Du 25 janvier au 10 février 2010
Heures de visite : lundi au vendredi: de 9h30 à 17h30, mercredi jusqu’à 18h30
Entrée gratuite

Lieu : Cultural and Information Centre of the Embassy of Japan
Adresse : Avenue des Arts 58 1000 Brussels
Tel: 02.511.23.07

Pour plus d'info
http://www.be.emb-japan.go.jp/ (Visit Embassy’s Website) & http://expomangatoson.blogspot.com
E-mail: info.emb-japan@skynet.be





To come
 « Sound & Feeling in Manga – Japanese Manga & Translation into French»

The exhibition of a famous ballet manga will help the visitor to understand the richness of onomatopoeia in the Japanese language.
Based on a manga of Ryoko YAMAGISHI


Opening : 22 January 2010

Date : From 25 January to 10 February 2010,
Opening hours: Mon. to Fri. from 9.30 a.m. to 5.30 p.m. ;Wed.only till 6.30 p.m.

Free admission


Place : Cultural and Information Centre of the Embassy of Japan
Address: Avenue des Arts 58 1000 Brussels
Tel: 02.511.23.07

More informations on
http://www.be.emb-japan.go.jp/ (Visit Embassy’s Website) & http://expomangatoson.blogspot.com
E-mail: info.emb-japan@skynet.be

le propos de l'expo:

Expo. “Son et émotion dans le manga”

Le son et de l'émotin sont illustrés dans le manga, la bande dessinée japonaise.

Le propos de cette exposition est de présenter au public l’importance de l’onomatopée dans le manga.

Comment l’idée m’en est-elle venue ? Au cours d’une séance de traduction, je me suis aperçue de la multitude des onomatopées qui illustrent chaque page, voire chaque dessin.

Etant donné que l’onomatopée japonaise exprime non seulement les sons mais aussi les sentiments, j’ai craint de ne pouvoir les traduire correctement. Je vous prie de trouver sur ces cimaises un aperçu de mon travail… mon but étant de fidéliser le son et de vous sensibiliser à l’atmosphère dans laquelle baigne le manga..

Quel plus bel exemple aurais-je pu trouver que ce manga de Madame Ryoko YAMAGISHI, « Terpsichore » !

mangatoson

une expo. d'un manga japonais au mois de jan. 2010

Le visiteur comprendra la richesse de l’onomatopée dans la langue japonaise en parcourant une quarantaine de panneaux. Voici une exposition qui s’appuie sur un manga fameux concernant le ballet.



Cultural and Information Center of the Embassy of Japan in Belgium
Avenue des Arts/Kunstlaan 58, 1000 Bruxelles / Brussel
Métro Trône / Troon

Sound and Feeling in Manga - Japanese Manga & Translation into French
Klanken en gevoelens in Manga - Japanse manga & vertaling in het Frans
Son et émotion dans le Manga - Le manga japonais & sa traduction en français

Opening 22 Jan. 2010 from 6.30 p.m. to 8.30 p.m.
Exhibition from 25 Jan. to 10 Feb. 2010
Mon. to Fri. from 9.30 a.m. to 5.30 p.m. Wed. only till 6.30 p.m.
Admission free

T 32-(0)2-511-2307
F32-(0)2-514-5333

http://www.be.emb-japan.go.jp/
http://expomangatoson.blogspot.com/
mangatoson@gmail.com

mangatoson